Il y a bien longtemps… au temps de son exil… Car l’amour du pouvoir avait pris le pas sur le pouvoir de l’amour…

Salomon, à cette époque, avait perdu son trône et se retrouva selon les vents des circonstances dans son errance aide-cuisinier chez le roi Amon.

Salomon aima faire la cuisine, comme tous les gens qui sont amoureux des justes proportions. Il mit son cœur à l’ouvrage et se montra inventif. Son sens de l’harmonie lui fit trouver des saveurs exquises. Un jour, le cuisinier tomba malade et Salomon dut le remplacer au pied levé pour faire tout le repas destiné à la table royale.

Le roi d’Amon mangeait toujours en compagnie de sa fille, la belle Nahama, une princesse à l’intelligence subtile. Le roi la trouvait si sensée qu’il lui avait promis qu’elle pourrait choisir son époux, fait exceptionnel en ces temps anciens.

Ce jour-là, en goûtant le plat de Salomon, Nahama sentit une saveur particulière.

– C’est particulièrement bon aujourd’hui, ne trouves-tu pas, père ?

Hum, non, pour moi, c’est pareil, fit le roi sans grande attention.

Pourtant, il y a une épice qui rehausse le plat, ne sens-tu pas ? Quelque chose de fin, subtil…

Non, fit le roi étonné, qui goûta mieux mais ne sentit rien de spécial, ancré dans ses habitudes…

Comment dire ?, poursuivit la princesse, cherchant ses mots. Il y a quelque chose de… de vaste, oui, c’est cela… de très vaste… C’est plus qu’une simple nourriture, murmura-t-elle…, rêveuse.

Mais non, s’énerva le père qui ne sentait rien, franchement, c’est bon comme d’habitude, non ?

Oh, mon père, si tu le permets, faisons monter le cuisinier pour vérifier ; J’aimerais tant savoir s’il y a mis une épice spéciale, insista la jeune Nahama de manière charmante.

Le père céda, ordonna qu’on fit monter le cuisinier et Salomon se présenta.

Qui donc a fait ce plat ? demanda directement Nahama, curieuse et vive.

C’est moi, déclara Salomon. Y a-t-il quelque chose qui ne va pas ?

Bien au contraire ! s’écria la princesse. As-tu mis une épice nouvelle ? Il y a dans ce plat quelque chose qui rehausse chaque goût particulier et pourtant les unit tous ensemble… Qu’est-ce que c’est ?

Cette épice très subtile, s’appelle sans aucun doute l’amour, princesse, sourit Salomon. C’est la seule force qui sache agir comme tu viens de le décrire si bien…

Réplique subtile et fine qui plut énormément à la princesse, mais là est une autre histoire…

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