Dans les terres d’oc de naguère, quelque part, en ce Moyen-Age revigorant…
Un jeune homme, un décalé de la vie, l’idiot du village disait-on, le benêt… du doux surnom contradictoire de Tempête. Il dérangeait les gens, la bonne conscience du monde, par son authenticité, ses dires vrais, ses vrais dires sans aucune circonvolutions…
Il agitait les brais à la façon d’un orateur fou, il vociférait parfois d’un air menaçant de sa douce voix tranquille… Il s’était mis en tête récemment de bâtir une maison pour y mettre l’amour ! Oui, lui, le benêt, il ne parlait que de ça, de cette chose incongrue, inconnue. Et il commença à tracer sur le sol une esquisse de plan.
Au bout d’une semaine, il n’avait pas encore achevé le dessin, son doigt courait encore sur la terre, il avait dépassé le village déjà ! Il fallait élargir l’espace, ouvrir les horizons, les regards, disait-il ; la maison devenait vaste, bien plus grande que le château, que la forêt, que le jardin, encore plus grande que la terre de Provence et du royaume de France !
Tempête continuait, il irait, grognait-il, jusqu’où il le faudrait, tant que son doigt pourrait tracer le contour sur sol.
– « Et le toit ?! » se moquaient les passants !
– « Et les portes ?? » renchérissaient d’autres en gloussant et en se moquant de l’inanité d’un tel projet absurde, juste un plan sur le sol depuis tant d’années…
Tempête ne s’arrêtait pas, continuait ses fondations légères, toujours et encore. Et à la fin, face à ces questions, il répliquait alors avec force et conviction :
– « La maison de l’amour n’a ni portes, ni toits, ni fenêtres : tout est ouverture en permanence ! »
Ouvrons nos cœurs, nos têtes, nos mains pour faire advenir un monde meilleur car il est temps ! « Quand nous nous ouvrons, le monde s’ouvre » (E. Jünger)