Allons, toujours philoconteur et hagiographe, en ces temps où les pierres et les balles-pierres meurtrières nous saisissent en effroi ici et là, et aussi en période de vacances sur la merveilleuse côte de granit rose courant août, où l’on aime faire des ricochets au bord de lacs et de mers et océans en haute ou basse marée, ayons en tête et en cœur ce que nous enseigne l’immense Victor Hugo dans sa pratique des « pierres jetées »…
Pendant son exil sur l’île de Jersey, exilé, malade, persécuté par une France qu’il aimait tant, Victor Hugo montait chaque soir contempler le coucher de soleil sur la falaise.Là, il s’asseyait sur un banc et se livrait à de profondes méditations.
A la fin, il se levait, choisissait un caillou plus ou moins gros et, du haut du rocher, le jetait avec satisfaction dans l’eau.
Ce manège n’avait pas échappé au groupe d’enfants qui jouait dans le voisinage. Un soir, une petite fille plus hardie que ses compagnons s’approcha du grand homme.
– Monsieur, pourquoi lancez-vous ces cailloux ?
Le poète sourit gravement :
– Ce ne sont pas des cailloux que je jette à la mer, mon enfant, ce sont mes lamentations.
==> « Eclaircissement autre » :
Cette action symbolique comporte une leçon valable pour le monde d’aujourd’hui.
Combien d’entre nous, et non des plus malheureux, passent leur temps à se plaindre, à s’attendrir sur eux-mêmes ? Cette attitude finit par engendrer une sorte d’indifférence à nos semblables : on reste prisonnier d’un univers dont nous sommes le centre.
Victor Hugo était un homme comme les autres : il lui arrivait de se plaindre. Mais, il avait au moins la force de se débarrasser de ses jérémiades en les envoyant au loin.
Ensuite, il redevenait réceptif au monde, aux autres. Vous aussi, apprenez à jeter vos petits soucis à la mer… alors ?
« Nous pouvons jeter des pierres, nous plaindre d’elles, trébucher dessus, lesescalader, ou les utiliser pour construire. » (Victor Hugo)