On raconte qu’en Perse régnait un souverain juste et intelligent. Il aimait se promener dans le royaume pour voir de se propres yeux comment vivait son peuple.

Un matin, il attachait trois bourses remplies de pièces d’or à la selle de son cheval, puis appela son vizir :

– Accompagne-moi ! Déguisons-nous ! Nous allons quitter la capitale aujourd’hui pour visiter la campagne et nos chers sujets.

Au milieu de la matinée, ils arrivèrent à l’entrée d’un village. Dans un champ, ils aperçurent un vieillard qui plantait un palmier-dattier. Le vizir se mit à rire…

– On dirait que cet homme est fou ! D’ici que l’arbre donne des fruits, il sera mort et enterré depuis fort longtemps hélas !

Curieux, le souverain déguisé s’approcha du paysan :

– Que ta journée soit belle, grand-père ! Tu sais, autant que moi, juste une remarque logique, que cet arbre ne donnera pas de fruits avant de bien longues années. Espères-tu vraiment en manger, malgré ton grand âge ?

Le vieil homme se redressa péniblement et essuya son front avec la manche de sa chemise…

– Que la paix vous accompagne brave homme soucieux du bien-être des gens ! Mais entre nous, je n’ai pas encore perdu la tête et je sais que je ne goûterai jamais les fruits de cet arbre évidemment. Mais mes parents ont planté des palmiers pour que j’en mange les dattes et j’en fais autant pour mes enfants et petits-enfants.

Le visage du souverain s’illumina. Il détache une bourse d’or de la selle de son cheval et la tendit au paysan.

– Ami, ta parole est belle, subtile, sublime et infime de vérités criantes ! Elle mérite bien cent pièces d’or !

– Ahhhh !!! s’exclama le paysan. Finalement, vous voyez, dit-il malicieusement, ce palmier a donné plus tôt que prévu !

Ravi de cette réponse, le roi lui tendit une deuxième bourse :

– Mais cette parole est encore plus belle que la première ! Elle illumine ma journée !

Le vieux paysan prit l’argent et avec un œil complice, murmura suffisamment haut :

– Le plus étrange est que cet arbre a donné deux fois la même année !

Le roi soupira :

– Homme, tu me plais !! Voilà la dernière bourse !

Puis, il se retourna vers son compagnon, et se mit à rire :

– Je suis au regret de t’annoncer, cher vizir, que cet homme est extraordinaire. A entendre ses réponses, je me demande lequel de vous deux est le plus fou… Allons, rentrons en joies !!

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