L’œil n’est jamais rassasié de regarder

Le nez de priser, la bouche de manger

L’oreille d’écouter et les lèvres de dire…

Il y avait d’entre tous les villages isolés du Tibet un hameau où les gens avaient la réputation d’être si humbles et si désintéressés que l’Empereur de Chine lui-même voulut un jour les mettre à l’épreuve.

Il se rendit en personne dans le petit hameau et, au premier paysan qu’il rencontra, il tendit son manteau impérial et déclama :

– O Toi, pauvre d’entre les pauvres, sache qu’en toute magnanimité, moi l’Empereur de Chine, je t’offre ce manteau. Il est la marque du destin inouï que je t’accorde, car en le portant, tu recevras avec lui la moitié de mon royaume et la main de la plus jeune de mes filles !

Mais à l’immense stupéfaction de l’Empereur, plutôt que se prosterner et remercier avec effusion, le paysan sans la moindre hésitation, déclina d’une petite courbette, l’incroyable proposition et il courut jusqu’à une proche rivière pour se pencher sur l’eau et s’en frotter énergiquement les oreilles.

Juste à ce moment arrivait un autre paysan qui venait abreuver sa vache et il demanda au premier pourquoi il se lavait les oreilles avec tant d’ardeur et de forces.

L’homme lui rapporta les paroles de l’Empereur et le second paysan soupira :

– Ahhhhh, terrible !! Moi qui voulait faire boire ma vache dans cette eau claire et pure ! La voilà à présent toute souillée…

L’Empereur comprit la leçon. Il repartit avec son empire sous le bras et se promit de ne plus jamais mettre les pieds en ce genre d’endroit où l’on faisait si peu cas de sa majesté…

Alors…

Qui est grand ? Qui est petit ?

Où souffle le vent , Où tombe la pluie ?

Où s’envolent les paroles dans la nuit ?

L’humble posture du vivre permet de réaliser de grandes choses… en ces temps d’hybris généralisé…

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